France musique - Open Jazz Alex Dutilh

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Mohamed Najem, le mirage de Jaffa.

Mohamed Najem, clarinettiste palestinien, fusionne les traditions musicales orientale, classique et jazz, créant un langage musical imprégné de ses voyages et souvenirs familiaux, évoquant à la fois l'espace et le parfum dans des mélodies riches en couleurs et en émotions.

  • Mohamed Najem est l'invité d'Alex Dutilh.

Clarinettiste né en Palestine, Mohamed Najem se situe au carrefour de trois cultures musicales : musique orientale, musique classique et jazz. Inspiré par les histoires que lui racontait son grand-père, né à Jaffa (« la fiancée de la mer et la ville des oranges »), Mohamed puise dans ses voyages et sa mémoire la richesse de ses mélodies, hautes en couleurs. Il crée ainsi, au-delà des styles, un nouveau langage musical, parcouru d'accents orientaux et contemporains.

Habitée par cette quête spirituelle et mémorielle, la musique de Mohamed Najem évoque à la fois l'espace et le parfum, le jardin et l'horizon. L'espace par la délicatesse, une écriture ciselée et fouillée, qui dessine pour chaque mélodie la carte toujours renouvelée de son propre territoire. Le parfum par la puissance et la constante modulation thématique, qui font de cet album un enchantement permanent pour l'oreille. Par un de ces miracles dont l'art a le secret, l'auditeur plonge dans un étonnant monde sonore, transmutation de souvenirs et d'émotions.

Si l'inspiration, la maîtrise et la grande versatilité technique du leader impressionnent à, la clarinette comme au ney, - maître du souffle, il domine en effet de bout en bout son sujet -, l'excellence de ses partenaires se doit d'être soulignée. L'instrumentation choisie, typiquement jazz, à savoir le quartet avec piano, contrebasse et batterie, frappe ici aussi bien par l'originalité de son fonctionnement, qui réinvente le genre, loin des clichés et des habitudes, que par le niveau de chacun des membres qui le composent et la pertinence de chaque intervention - que ce soit celles du piano de Clément Prioul, de la contrebasse d'Arthur Henn ou de la batterie de Baptiste Castets.

Jouant tour à tour de la nuance, de l'unisson, du contrepoint, du rythme ou du partage, le quartet offre de somptueuses orchestrations, jetant une lumière particulière sur la variété des paysages. Lorsqu'un invité pointe le bout de son nez - l'harmonica de Thomas Laurent dans Instant Love, l'oud et les percussions de Youssef Zayed dans Flower et From Bethlehem to Angers -, l'éclairage obéit à la même motivation : profondeur de champ et rigueur de construction, chaque touche et chaque élément contribuant à la perfection et à la cohérence du tableau.

Dansante, colorée, enjouée, dramatique, profonde et recueillie, expressionniste et sinueuse, entre tourment et douceur, suavité et jubilation, la musique de Mohamed Najem déroule son faste, en longues guirlandes de plaisir.

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